Ythro et les motivations de la conversion au judaïsme

Écrit par
Yona Ghertman
Publié le
19/1/2024

Lors de la sortie d’Egypte, Moshé Rabbénou accompagne le peuple sans sa famille. Son épouse et ses enfants le rejoignent  plus tard, dans le désert, accompagnés par Ythro, son beau-père. Pourquoi ce dernier prend-il finalement l’initiative de rejoindre les bné-Israël alors qu’il ne juge pas nécessaire de le faire lorsque le peuple quitte l’Egypte ? Qu’est-ce qui change entre-temps, justifiant ce rapprochement  tardif ?

Les Sages du Talmud1 débattent de cette question et présentent trois avis différents :

  1. Il entendit parler de la guerre contre ‘Amalek, ce terrible ennemi qui attaqua les bné-Israël sans raison apparente2.
  2. Il entendit parler du don de la Torah.
  3. Il entendit parler de l’ouverture de la mer rouge.

Ces trois avis représentent trois motivations légitimes et complémentaires, de la conversion au Judaïsme :

  1. La sensibilité aux malheurs du peuple juif, et notamment à l’antisémitisme3
  2. Le rapport à la Loi
  3. Le rapport aux miracles et à la émouna (foi)

Chaque motivation en elle-même est légitime, mais non suffisante. En effet, se sentir proche du peuple juif n’est pas suffisant pour s’engager à respecter toutes les six cent treize mitsvote, avec les strictes exigences quotidiennes qu’elles impliquent.

De même, le rapport à la Loi est indispensable, certes, mais il n’est pas possible de respecter la Torah pleinement si l’on ne s’inscrit pas dans le cadre d’une communauté juive. La Torah est la loi du peuple juif, aussi faut-il nécessairement s’associer à la collectivité pour la pratiquer. Or, un rapprochement sentimental avec l’histoire et les souffrances des bné-Israël est indispensable pour cela.

Enfin, si le rapport au peuple et à la loi est fondamental, on ne peut pas concevoir la Torah uniquement comme un code de loi associé à une nation spécifique. Quelle serait alors la différence avec un simple changement de nationalité ? C’est qu’en toile de fond, il y a un fort rapport à D.ieu, le Maître du monde capable de changer les lois de la nature lorsqu’Il le désire dans l’intérêt de Ses créatures. Aussi est-il écrit juste après la traversée de la mer rouge : « Et ils eurent foi en Hachem »4.

En conclusion, cet épisode du rapprochement d’Ythro avec les bné-Israël apprend aux futures générations la manière d’appréhender le rapprochement avec le peuple juif ; ainsi que les motivations légitimes d’une conversion au judaïsme.

1 Zéva’him 116a.

2 Shémote 17, 8s. Cf. le commentaire du Rav Elie Munk z’’l sur ce verset dans La Voix de la Torah.

3 Ibid

4 Shémote 14, 31.

Yona Ghertman
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