Peut-elle être mon zivoug (âme-soeur) alors qu'elle est en conversion ?
Chalom,
Le Talmud enseigne : "Chaque jour, une voix céleste s'exprime et proclame : 'Telle femme pour tel homme !'" (Moed Katan 18b; cf. aussi Sota 2a).
Il serait erroné de déduire de ce passage que deux personnes ayant l'interdiction d'être ensemble selon la Torah sont destinées à s'unir. En effet, il est totalement inenvisageable qu'Hachem décrète une transgression (Rambam, Chmona Prakim chapitre 8, cf. le commentaire du Rav Chilat sur ce passage).
De plus, comme vous le signalez justement dans votre question, la conversion constitue une nouvelle naissance. Pour celui qui se convertit, tout recommence à zéro selon les termes du Talmud : "Celui qui se convertit est comme un enfant qui vient de naître" (Yébamote 22a).
Par conséquent, on ne peut pas parler de "zivoug" avant le mikvé de conversion, marquant le passage du statut de non-juif à celui de juif.
A ce sujet, cf. également la réponse suivante :
https://www.gueroute.fr/questions/comment-trouver-son-zivoug-ame-soeur-pour-une-personne-convertie
Enfin, je tiens à attirer votre attention sur les ruses du yétser hara (mauvais penchant) et du "dimayone" (imagination/fantasme) : Il peut arriver qu'un homme ressente un amour tellement fort pour une femme, qu'il se persuade en son for intérieur que c'est Hachem qui lui a envoyé (ou inversement : une femme ressent de l'amour pour un homme et s'imagine qu'il lui est destiné par D.ieu). Il est évident que si la personne aimée lui est interdite (non-juive; déjà mariée; etc.), cette impression est uniquement l'influence du yétser hara décuplée par la force du dimayone. Répétons-le : En aucun cas une situation interdite n'est décrétée par Hachem, ceci est juste une illusion des sentiments susceptible de provoquer des catastrophes sur beaucoup de plans.
Il s'agit malheureusement d'un problème récurent dans nos communautés sur lequel il convient d'insister : Le judaïsme impose une séparation stricte entre hommes et femmes, et tout rapprochement en dehors du cadre de la Halakha est très grave (cf. Shoul'han 'Aroukh Even Ha'Ezer 21, 1). En ce qui concerne votre question, il est donc certain qu'il est formellement interdit de faire un "shidoukh / rencontre en vue d'un mariage" avec une personne en cours de conversion.
A votre disposition pour davantage de précisions,
Kol touv
A propos du Rav
De formation universitaire (titulaire d’un doctorat en Droit), Rav Yona GHERTMAN s’est tourné vers des études de Kodech, à la Yechiva, puis au Collel de Nice (CEJ), où il étudie encore aujourd’hui. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le judaïsme, dans lesquels il puise parmi les sources traditionnelles, qu’il présente d’une manière structurée et pédagogique au public francophone.
Aujourd’hui marié et père de quatre enfants, il partage son temps entre l’étude, l’enseignement de la Torah, et le rabbinat, où il s’occupe notamment des conversions au judaïsme.